Un intérieur éclectique aux airs de galerie de curiosité

Alors qu’Euphoria se transforme en réel phénomène créatif, Insidy fait la visite guidée
de la maison d’Ali, ancien toxicomane et parrain vertueux de Rue dans la série. Ou plutôt,
de celui qui incarne le personnage : Colman Domingo. L’intérieur immortalisé par Jenna
Peffley pour le magazine Architectural Digest en dit long sur l’identité de l’acteur, scénariste
et réalisateur américain : il est curieux, facétieux, mystérieux… L’esthète a déménagé de
New York avec son mari il y a quelques années pour s’installer près de Hollywood, dans
une maison construite en 1964 par l’architecte Jules Salkin au sud de Los Angeles.

L’intérieur est résolument éclectique : boiseries d’origine, béton ciré, papiers peints inspirés
de The Beverly Hills Hotel, chaises et table Tulipe de Knoll, table basse métallisée, fauteuils
en laine bouclée, art contemporain… Le cool californien rencontre les styles mid-century,
Space Age et le modernisme italien dans un intérieur chaud aux airs de galerie de curiosité.
La pièce maîtresse de la maison de Colman Domingo ? La salle de bain. Des carreaux
originaux provenant des terminaux 3, 4 et 6 de LAX recouvrent les murs dans un magnifique
arc-en-ciel de couleurs qui rappelle la personnalité solaire et allègre de l’acteur.

Crédits photos © Jenna Peffley pour Architectural Digest

Revival glam-kitsch des années 90 et 2000

Depuis début janvier, la deuxième saison d’Euphoria cartonne sur HBO et se transforme en réel
phénomène créatif. La mode, la beauté, et même la décoration s’inspirent des codes sulfureux et
provocateurs de la série réalisée par Sam Levinson et produite par Drake depuis 2019. Pour rappel,
Euphoria dépeint une génération Z explosive, presque frénétique, qui navigue entre sexe, drogue,
réseaux sociaux, violence et identité de genre, avec les années 90 et 2000 toujours en toile de fond.
Moodboard !

1. Défilé Blumarine SS22 ; 2. © HBO Euphoria ; 3. T-shirt Sandy Liang

Le goût de la provocation dans la mode

Les catwalks se délectent de l’ébullition créative d’Euphoria. Comme la « Gen Tiktok » au
caractère bien trempé invoque les codes glamours des années 2000 dans la série, les créateurs
de mode sur-jouent les symboles kitsch et maximalistes de cette époque dans leurs vestiaires. Tailles
basses, transparences bling bling, strass et paillettes à gogo, looks satinés, cols en fausse fourrure,
logos ostentatoires… Les marques et créateurs de mode comme Blumarine, Sandy Liang, ou encore
Christian Cowan ré-invoquent finement le lexique nocture opulent des années 2000.

1. © David Bates ; 2. Sac Blumarine

Un glamour kitsch et sensuel se retrouve aussi sur les chaussures d’Amina Muadi, la
créatrice italo-roumaine qui a le monde a ses pieds. Palette rose, talon Barbie et cristaux
surdimensionnés de Swarovski réinventent la sandale haute dans un registre nineties exagéré.

La nuisette est aussi retwistée dans une version outdoor par les maisons de couture américaines
Rodarte et Collina Strada. Comme dans Euphoria, la robe de nuit – qui se porte pour n’importe
quelle occasion sauf pour dormir – est déclinée dans des esthétiques fantaisistes à coups de jeux
de transparence, de satins soyeux, d’ornements délicats, de tulle et de dentelles brodées…

© HBO Euphoria

1. Rodarte SS22 ; 2. Blumarine SS21 ; 3. Collina Strada SS22

La beauté fait l’éloge de l’excessif

Avec la makeup artist Doniella Davy aux commandes du maquillage, Euphoria entraine
un nouvel élan d’expression qui renverse les idéaux de la beauté. Dans la série comme dans
la réalité, les « Gen Zers » revendiquent une beauté non conventionnelle teintée d’insolence.
Un moyen d’expression émotionnel qui passe à travers des ongles ultra longs et tape-à-l’œil,
des paupières habillées de strass et de paillettes scintillantes qui font l’éloge de l’excessif…

Les cartes sont aussi redistribuées du côté de la beauté masculine. Les
paillettes portées par Nate, personnage de la série hyper viril illustre
d’une certaine manière la déconstruction des stéréotypes de genre par
une génération qui fédère à travers une beauté genderless et non-binaire.

La maison célèbre le mauvais goût

Du côté de la maison, la décoration se joue également des conventions et
remet au goût du jour les esthétiques à la frontière du moche, mais cocooning.
Les jeunes générations abandonnent les intérieurs dépouillés et minimalistes au
profit d’intérieurs singuliers et empreints de personnalité, où l’on se sent bien.

Tapis aux formes suggestives, tabourets en mousse expansive faits-mains,
boules à facette, bibelots ringards… Comme dans Euphoria, le foyer cultive
les codes rococo de la maison américaine avec un mélange éclectique de
styles et des notes de fête « disco-psyche » qui égayent l’intérieur.

1. © Anewall , 2. © Cold Picnic / Coming Soon NY ; 3. Pinterest

Une adresse monacale au parfum d’interdit…

C’est la dernière création hôtelière du groupe Evok. Le Sinner est l’adresse érotique-romantique
du Marais à connaître en février. Son nom (« pécheur » en français) en dit long sur le lieu : le Sinner
transgresse toutes les conventions. Et y pénétrer, c’est déroger à toute loi morale ou religieuse.

Vitraux, lustres cathédrale, tables crucifix, crypte sombre et confessionnal flirtent avec des tissus
en velours rose, du carrelage pourpre, des fouets en cuir… et des couloirs sombres, éclairés à la bougie,
offrent un parcours ténébreux vers les chambres intimistes et feutrées. Un décor hors du temps et des
modes signé Tristan Auer (pour l’architecture d’intérieur) et Amélie du Chalard (pour la curation) qui fait
un clin d’œil à la décadence et à l’anti-conformisme des années 70, mais aussi au passé monastique du
quartier. Une sorte de descente vers un clair-obscur qui vante des plaisirs à la fois pieux et charnels.
Un lieu secret aux codes opulents et bien gardés, caché dans le Marais au 116 Rue du Temple, 75003.

Le doux murmure des vagues en pleine cohue parisienne…

Ambiance résolument méditerranéenne à Paris. Dans le 6è arrondissement de la capitale, dans
la rue du Bac idéalement située à Saint-Germain-des-Prés, un mini-hôtel aux airs de maison de
vacances a discrètement ouvert ses portes. Coquillages glanés sur la plage et bibelots chinés
aux puces divinisés dans des niches, imprimés poissons précieusement dessinés, lignes
vaguelées, teintes ocres… L’adresse insolite de 25m² est gorgée d’inspirations solaires.

À la tête de son réaménagement ? Batiik Studio, le cabinet d’architecture d’intérieure parisien au
style toujours reconnaissable : coloré et joyeux, raffiné et harmonieux. Comme à son habitude, le
studio fondé par Rebecca Benichou signe un univers sensible aux airs de cabinet de curiosité du
19ème siècle, dans un savant mélange de sublime et de populaire, de moderne et de suranné, de
kitsch et de sophistiqué… Un écrin précieux et intime qui invite à l’évasion.

Pour y séjourner, direction Airbnb !

« Se mettre au Very Peri »

C’est le nom sur toutes les bouches en ce début d’année, la nuance « Very Peri » (#6667AB
ou PANTONE 17-3938 en langage codé) donnera le ton en 2022. Le mélange de figue et de
bleu pervenche a été annoncé il y a peu par l’institut de la couleur et règne déjà dans les
intérieurs et adresses du moment – l’espace de co-working Cabinette à Valence – mais
gagne aussi le répertoire des marques de décoration et de design contemporaines.

Octaevo, Hay, &Klevering (dont on parle ici), H&M Home, Ikea… La teinte mystérieuse,
disruptive, et un peu futuriste a eu raison des dernières collections. Les bougies finement
taillées, miroirs et corbeilles délicatement tressées et tournées, vases et carafes en verre
passionnément soufflés, se nappent avec monochromie de Very Peri et instillent une
bonne dose de modernité aux intérieurs. Shopping !

Où ranger tous les livres qui s’accumulent dans la maison ?

À tout problème une solution : dans la bibliothèque. Que ce soit dans un petit appartement
citadin ou dans une grande maison de campagne, la bibliothèque reste un indispensable du
foyer moderne, un coin de la maison incontournable, jamais obsolète, négligé ou démodé.

Elle s’improvise dans un angle de pièce, à même le sol, sur une console ou un banc, s’installe
confortablement sur une étagère industrielle et nomade, se réalise sur-mesure pour s’adapter
aux murs de la salle de lecture, ou se cache tout simplement dans un tiroir à l’abri des regards…
Bref, il y a mille et une façons d’aménager sa bibliothèque. Et les déclinaisons créatives ne manquent
pas non plus : clinquante et colorblockée à la mode danoise, boisée et discrète pour les esthètes et
les lecteurs assidus, en métal brut dans un style industriel pour les bouquineurs occasionnels…
Immersion studieuse et créative dans la bibliothèque.

Bibliothèques d’esthète en bois

Bibliothèques improvisées dans un coin

Bibliothèques colorées Made in Danemark

Bibliothèques industrielles et nomades

Bibliothèques minimalistes façon niches à la chaux

Le terrazzo est retwisté à gogo…

Hier utilisé comme élément de construction et de revêtement, le terrazzo s’utilise aujourd’hui
comme un élément de petite déco. Le matériau (aussi appelé granito) normalement constitué
de fragments de pierre naturelle et de marbre colorés agglomérés à du ciment, se décline dans
de nouveaux styles, utilisé par la nouvelle garde de designers en trompe-l’œil.

Parmi ceux qui s’amusent à re-créer les effets polychromes du terrazzo, il y a les créatrices et
designer de surfaces Emily Marlin et Katie Gilles. Leur matériau de prédilection ? La Jesmonite,
un mélange de gypse et de résine qui permet de composer des objets décoratifs – vases, centres
de table, serre-livres, vides-poches et miroirs – en imitant presque parfaitement l’esthétique
minérale du terrazzo, mais avec des teintes plus surprenantes et insolites.

Mais d’autres designers continuent également d’explorer la « mosaïque vénitienne », sa
beauté minérale et ses propriétés fascinantes. C’est le cas notamment de Max Lamb ou
encore de Studio Mignone qui s’attèlent à révéler la beauté de la pierre et du marbre à
travers des créations à la fois rétro et hyper contemporaines.

DIY !

Pour reproduire ces créations singulières à la
maison, pas besoin de four, d’outils dispendieux
ou de techniques fastidieuses… Il suffit de suivre
le tutoriel créatif sélectionné par Insidy.

Crédits réalisation : Desidees.net